Utilité stratégique des opérations extérieures : publication d’un article de Josselin Droff et Julien Malizard dans Defence and Peace Economics (DPE)

 

 

Josselin Droff et Julien Malizard, ont publié un article co-écrit avec Olivier Schmitt (Professeur à l’Université du Sud-Danemark) dans Defence and Peace Economics (DPE).

Intitulé « When Military Interventions Decrease Military Power Evidence from the French Case », cet article contribue à la littérature sur l’utilité stratégique des opérations extérieures en examinant leur impact structurel sur les forces armées, les arbitrages qu’elles génèrent et leur coût à long terme. Il se situe donc à l’intersection entre l’économie de la défense et les études de sécurité.

Les auteurs étudient les opérations extérieures françaises au cours des 30 dernières années et mettent en évidence une relation de cause à effet entre les opérations extérieures et la dégradation de la disponibilité des équipements majeurs des forces armées françaises, à côté de déterminants structurels de la disponibilité comme l’âge du matériel ou encore la taille des parcs et les éventuels effets d’échelle associés.

Ce phénomène est dû à un rythme opérationnel excessif, c’est-à-dire à un niveau de déploiement difficilement soutenable compte tenu des capacités de régénération. L’article quantifie un phénomène qui a été observé intuitivement dans les débats politiques ces dernières années.

Les opérations extérieures introduisent un arbitrage fondamental pour le décideur public dans la conduite de la politique de défense : entre les structures de forces et les compétences (et les programmes d’acquisition et de formation associés) conçues pour les opérations de stabilité et de contre-insurrection d’une part, et la structure de forces et les compétences conçues pour les guerres de haute intensité d’autre part. Par conséquent, les opérations extérieures, menées en excès et à un rythme intensif peuvent diminuer la capacité à mener des guerres de haute intensité.

Plus précisément, l’article apporte trois contributions à la littérature académique :

  • Premièrement, il contribue à la littérature sur les études de sécurité en identifiant et en mesurant un « coût caché » des interventions militaires, contribuant ainsi au débat plus large sur leur utilité stratégique.
  • Deuxièmement, il contribue à la littérature sur l’économie de la défense en démontrant un lien de causalité entre les questions de disponibilité des matériels militaires et le rythme opérationnel.
  • La troisième contribution est d’ordre méthodologique, puisque les auteurs utilisent un modèle économétrique multiniveaux (ou mixed model) pour mesurer et étudier l’évolution d’une dimension spécifique de la puissance militaire : la disponibilité des matériels.

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