Julien Malizard, titulaire adjoint de la Chaire Économie de défense – IHEDN, a contribué au dernier numéro (n° 843) de la Revue Défense Nationale (RDN), sur le thème du financement des armées.
Julien Malizard est l’auteur de l’article intitulé “Le financement des armées au sortir de la guerre du Golfe et de la guerre froide”, paru dans la RDN. Ce numéro, sorti en octobre 2021, est consacré aux leçons militaires tirées de la guerre du Golfe. Cette publication fait suite à une intervention de Julien Malizard dans le cadre d’un colloque organisé en juin dernier par le Service historique de la défense.
La fin de la guerre froide et la guerre du Golfe sont concomitantes. Les budgets consacrés à la défense ont alors entamé une décroissance surnommée “les dividendes de la paix”, qui s’est terminée en 2002 avec l’engagement français en Afghanistan et qui constitue une forme d’anomalie budgétaire. Elle révèle aussi la logique de transformation des forces armées qui a des besoins différents parce que la menace est différente et probablement perçue comme moins forte que par le passé. Dans le même temps, l’économie française subit un certain nombre de chocs adverses, ce qui conduit à une dépendance budgétaire accrue à la conjoncture économique. Les conséquences pour la France ont été le non-respect des lois de programmation militaire, la baisse et le vieillissement des équipements.
D’un point de vue budgétaire, il est quasiment impossible de distinguer, à l’échelle macroéconomique, les deux événements (fin de la guerre froide et guerre du Golfe). Néanmoins, l’intuition derrière cette analyse est que la dissolution de l’URSS a été de nature à bouleverser durablement les équilibres stratégiques et économiques. Pour mesurer l’évolution de la “demande de défense”, les économistes utilisent comme indicateur le budget alloué à la défense, ainsi que sa composition. La logique de moyens ainsi retenue permet, à la suite de Smith, d’appliquer une double grille de lecture, à la fois stratégique et économique. Les enjeux stratégiques déterminent un besoin de défense, ce qui se mesure par l’implication dans des conflits et des opérations de maintien de la paix, par l’appartenance à des alliances ou encore par l’existence d’un ennemi conduisant à une forme de course à l’armement. Les enjeux économiques incluent quant à eux la sensibilité à la conjoncture économique (mesurée par la croissance économique), mais aussi les tensions liées à des arbitrages politiques. De ce point de vue, le cycle budgétaire ouvert par la guerre du Golfe est-il différent, ou atypique, par rapport à d’autres périodes ?