Olivier Martin, Président du Comité de Pilotage de la Chaire, a été invité à s’exprimer dans le cadre de la conférence de rentrée du GICAT, organisée ce mercredi 5 octobre au CNAM.
Dans le cadre de la table-ronde intitulée “En cette période de crise et de transformations, comment adapter notre modèle industriel ?”, il a abordé les nombreuses transformations qui touchent actuellement l’industrie de Défense, et notamment deux sujets centraux :
- L’adéquation éventuelle des budgets aux besoins de s’adapter au risque de conflit de haute intensité.
A ce titre, il lui semble indispensable de maintenir les efforts de préparation de l’avenir afin de disposer des matériels performants permettant de faire la différence sur le champ de bataille (le conflit ukrainien montre clairement la contribution décisive des matériels de dernière génération sur des matériels de générations antérieures).
Ainsi, la future LPM en cours de discussion devra donc accroitre les budgets pour supporter les besoins financiers liés à la montée en puissance : augmentation des stocks à un niveau nécessaire et suffisant pour supporter le premier choc jusqu’à la mise en place de la capacité stabilisée cible nécessaire pour conduire dans la durée le conflit de haute intensité, préparation des moyens industriels et humains nécessaires pour permettre dans le délai alloué (délai d’anticipation du conflit de haute intensité) la mise en place de cette capacité stabilisée cible nécessaire
- Les coopérations européennes en cours.
Les coopérations européennes se déclinent en coopérations interétatiques (coopérations « traditionnelles ») et en coopérations industrielles mises en place à la récente initiative de l’UE (FED).
Les coopérations inter-étatiques européennes restent de loin les plus importantes sur le plan financier et peuvent être très fructueuses (réduction des coûts, renforcement de l’interopérabilité des forces européennes…). Elles nécessitent cependant entre les pays une convergence des besoins opérationnels et une volonté commune d’un certain niveau d’autonomie stratégique et de souveraineté. Malheureusement, le pays qui partage le plus cet objectif avec la France vient de quitter l’Union Européenne.
Les objectifs affichés du FED sont le soutien de la BITD européenne sur le plan technologique, le support des Etats pour financer le développement de capacités stratégiques majeures en Europe, l’aide à la constitution de champions européens capables de rivaliser sur le plan mondial. Malheureusement, certaines récentes décisions du FED ne semblent pas aller dans cette direction, mais plutôt dans le développement d’une concurrence européenne interne que la taille du marché européen ne permet généralement pas, voire dans une politique de saupoudrage budgétaire qui risque de se révéler stérile.