“De Bourges à Bergerac : l’industrie de l’armement sur le pied de guerre” : Julien Malizard sur France Culture

Les Enjeux territoriaux, par Baptiste Muckensturm

De Bourges à Bergerac : l’industrie de l’armement sur le pied de guerre

Julien Malizard, Titulaire adjoint de la Chaire, a été l’invité de l’émission “Les Enjeux territoriaux” diffusée en direct le 2 mars 2023 sur France Culture.

Animés par Baptiste Muckensturm, les échanges ont porté sur la place de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) dans les territoires, alors que les effets de la guerre en Ukraine impactent les cadences des sites de production des industriels de défense. Julien Malizard s’est notamment appuyé sur les cas de Bourges, Saint-Étienne et Bergerac.
 

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Relocaliser l’industrie de l’armement, le nouveau mantra du ministère des armées ?

Il y a des annonces qui ont été faites récemment sur la relocalisation d’un certain nombre d’activités, qui pour des raisons économiques et stratégiques avaient été jugées peu pertinentes sur le territoire français. On parle ici principalement de la filière munitions, telle que les obus. Il s’agit de réinternaliser sur le territoire national une partie de la production. C’est à ce titre que le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a annoncé le 22 février dernier le rapatriement par l’industriel Eurenco de sa production de poudre pour obus, de Suède à Bergerac en Dordogne.

Le choix de la Dordogne

Historiquement, une poudrerie a été localisée à Bergerac durant la Première Guerre mondiale pour des raisons liées à l’éloignement du front. Il y a eu une spécialisation du territoire depuis plus de cent ans sur ces problématiques. L’industriel Eurenco avait déjà une usine sur place et il s’agissait de bénéficier de cet éco-système déjà préexistant pour permettre à la France de produire des obus et munitions nécessaire aux canons César, dont on a beaucoup entendu parler avec la guerre en Ukraine.

” Une usine supplémentaire sera opérationnelle à Bergerac au premier semestre 2025. 1 200 tonnes de poudres propulsives permettront à Eurenco de fabriquer 500 000 charges modulaires soit 95 000 coûts complets. “

Le canon César fait l’objet de toutes les attentions nationales. C’est un produit qui a été développé et mis en service dans les années 90 en France. Il a été largement utilisé en opération extérieure par la France et le matériel a aussi été exporté à des clients. Cela a permis à Nexter, l’industriel qui fabrique les chars César, à continuer de maîtriser sa ligne de production avec un niveau relativement faible, mais qui continue d’avoir des compétences industrielles sur le domaine. Et avec les dons que la France a faits à l’armée ukrainienne, des livraisons massives de ces mêmes chars ont été assurées ; une trentaine sur les soixante-douze existants dans le parc français.

Une géographie de l’industrie de défense française…

Selles-Saint-Denis, la Dordogne, le Loir-et-Cher, la Loire, autant de territoires qui ont souffert. La dépendance de l’industrie française aux exportations a soumis ces usines à de fortes concurrences. Aujourd’hui, c’est une nouvelle géographie qui se dessine.

” Ce sont des régions qui sont historiquement très marquées par l’industrie de défense. La sidérurgie est présente dans la région stéphanoise depuis plusieurs siècles et c’est une des raisons pour lesquelles les manufactures royales étaient installées à Saint-Etienne au 18e siècle. Le territoire a construit son identité autour de la sidérurgie et de l’armement. La défense continue aujourd’hui de représenter un pôle d’attraction important pour les emplois. “

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