CONNAISSANCE DES ENTREPRISES DE DÉFENSE : STRATÉGIES, FORCES ET FRAGILITÉS
Caractéristiques des entreprises françaises de défense
L’activité de défense pour une entreprise génère des besoins de financement plus importants qu’une activité civile (investissement en R&D, charges de personnel, financement de son cycle d’exploitation). Elle est plus difficile à financer par des financements traditionnels, les entreprises autofinancent une partie de leurs recherches et les pouvoirs publics interviennent de façon importante.
Les entreprises de défense affichent de meilleures performances à l’export ou en termes de valeur ajoutée. Elles contribuent ainsi à la fois au solde de la balance commerciale et à l’activité économique générale.
À partir d’un travail économétrique, nous montrons que les entreprises françaises de défense n’ont pas de profits anormaux par rapport aux autres secteurs, contrairement à ce qu’énonce une partie de la littérature.
Les entreprises de défense au niveau international
Avec K. Hartley, nous avons réuni des experts des principales industries de défense au niveau international afin de décrire et d’analyser la structure, la conduite et les performances de ces industries depuis la fin de la guerre froide. Les entreprises de défense occupent une place importante dans le système économique de certains pays, elles ont un impact élevé sur la recherche et l’innovation et sont pour certaines très interdépendantes. Dans de nombreux pays cette industrie a été privatisée, le financement par le marché s’est développé et leur place dans le système d’innovation a évolué. Chaque pays possède des spécificités fortes mais la plupart connaissent une restructuration importante de leur industrie.
En Europe, les entreprises restructurent leurs activités et sont de plus en plus tournés vers l’export. Les principaux fournisseurs européens d’équipements de défense font montre d’orientations stratégiques désormais sous-tendues par des logiques industrielles et commerciales proches de celles des entreprises du secteur civil. De plus, 75 % du panel des entreprises européennes étudiées sont aujourd’hui cotées en bourse, et comptent parmi leurs actionnaires des investisseurs institutionnels, demandant la mise en œuvre d’un mode de gouvernance de type actionnarial.
L’information sur les liens capitalistiques des entreprises de défense est difficile à obtenir et des précautions dans l’interprétation des résultats doivent être prises. Néanmoins, le travail réalisé sur les liens capitalistiques entre la Base Industrielle de Défense (BITD) de l’Union européenne (UE) et les États-Unis permet de faire ressortir des conclusions utiles. Au niveau des actionnaires des entreprises de défense, il apparaît tout d’abord que le lien national est fort pour la Suède, l’Espagne et la France, plus réduit pour l’Allemagne et l’Italie et particulièrement faible pour le Royaume-Uni. Ensuite, les liens, au niveau européen, sont concentrés sur Airbus, MBDA et KNDS et sont peu développés sur les autres entreprises. Enfin, nous constatons des liens asymétriques avec les États-Unis et une présence importante des fonds d’investissement américains.
Chaînes de sous-traitance aéronautique (civil et défense)
Nous analysons les changements dans le processus de production dans le domaine aéronautique qui s’est traduit par l’apparition de sous-traitants majeurs (gestion des stocks, R&D, risque…) mais qui a entrainé une fragilité et un manque de rentabilité à court terme pour ceux-ci.
Enjeux liés aux transferts de technologie
Aujourd’hui les États veulent maitriser les technologies de souveraineté, ce qui suppose d’acquérir les connaissances nécessaires. En conséquence, les entreprises ont adapté leurs offres pour répondre aux demandes des clients et donc dispenser une formation. Une évaluation des risques de fuite de connaissance associés à la formation dans le cadre des contrats de transferts de technologie a été réalisée. Ce travail montre une représentation différenciée du risque de fuite de connaissance en fonction des différentes catégories de formateurs ainsi qu’une confiance excessive des dispositifs de contrôle en amont.